Se reconstruire et s’épanouir à travers la pratique du volley-ball – Témoignage 3

Ronan SALAUN, j’ai débuté le sport quand j’avais 6 ans et atteint le haut niveau vers mes 20 ans en pratiquant le triathlon jusqu’à mes 35 ans. C’est à ce moment-là (aux États-Unis), que j’ai entendu parler de la préparation mentale. Un jour, j’ai rencontré une problématique sur une course très importante ; je suis sorti complétement de ma concentration et j’ai perdu un titre. J’ai alors essayé de trouver des outils pour améliorer ma performance quand il y a beaucoup d’enjeu.


J’ai donc intégré la préparation mentale dans mon quotidien et par la suite j’ai rapidement vu des améliorations (au bout de 3/4 mois). En 2000 j’ai arrêté le sport et j’ai commencé à entrainer. En parallèle j’ai suivi une première formation en préparation mentale ensuite, une formation en sophrologie puis un DU et un MASTER.
Donc depuis 10 ans ; je fais de la préparation mentale auprès de sportifs, de clubs, d’entreprises. Je suis arrivé il y a 6 ans au Quimper Volley 29.

En tant que sportif vous-même, que vous a apporté le sport sur un plan plus personnel ?

Énormément de choses ; le sport a servi de tuteur à mon existence ; en termes de connaissance de soi, maitrise de soi, confiance en soi, réseau, expérience de vie. Le sport a été très présent d’un point de vue émotionnel et sensoriel : c’est la pratique du sport qui permet de vraiment se connaitre. 

Pour vous, justement qu’apporte le sport à l’individu d’un point de vue mental ?

Tout ce qui est connaissance de soi, mais aussi des autres, toutes les connexions interpersonnelles, inter-relationnelles, l’aspect communication, la gestion du groupe. Le regard des autres lorsque l’on est un sportif est très valorisant. La notion de pouvoir travailler avec les autres par exemple (en sport collectif) est très importante,  car toute la vie, vous allez être amené à collaborer avec d’autres personnes.

Le sport apporte tous ces aspects-là :  connaissance de soi, confiance en soi, confiance dans les autres, être capable de travailler et collaborer avec les autres, d’échanger et communiquer avec les autres, cerner un peu mieux ses limites.
Globalement un individu va capitaliser sur la confiance générale qui va impacter ensuite tous les domaines dans lequel il va s’impliquer. Concernant l’image que l’on va avoir de soi, je crois que le sport va plutôt l’amener vers le haut. 


Dans le cas plus spécifique de personnes en difficulté, en quoi ce rapport au sport peut être très important pour elles et pourraient-elles par la suite s’épanouir grâce au sport ?

Il y a plusieurs choses, tout d’abord le volley comme sport collectif leur permettra la rencontre avec les autres, la notion d’appartenir à un groupe, mais aussi pouvoir échanger assez librement avec d’autres personnes en partageant une discipline sportive. Le rapport au corps aussi est considérable. Lorsqu’il y a un déficit au niveau psychoaffectif où l’on ne se perçoit pas de la meilleure manière au physiquement, c’est là où le sport peut permettre de se libérer et de s’émanciper.
Les notions de confiance et de connaissance de soi sont fondamentales et lorsque l’on a ce minimum de confiance en soi dans ce que l’on fait dans sa discipline sportive, on arrive alors à le reproduire dans son quotidien. 

L’autre aspect est aussi de pouvoir sortir quelques heures de son quotidien et des personnes que l’on côtoie. Je pense qu’il est primordial de pouvoir, à travers cette double implication sportive, se donner des objectifs sportifs et personnels. C’est un moyen d’améliorer son quotidien, soit psychique, soit sanitaire, soit social. 

Mais est-ce que le sport pourrait devenir une difficulté en plus et comment éviter cela ?


Cette question est tout aussi juste pour des sportifs qui recherchent une médaille Olympique, c’est-à-dire que trop souvent, notre vision des choses est sur la performance de résultat. Cette dernière entraine une comparaison avec les autres. Alors que pour moi, il faudrait être davantage sur une performance de maitrise, de soi par rapport à soi. Se dire « tiens il y’a un mois ça je n’arrivais pas à le faire et aujourd’hui j’y arrive ».
Pour les personnes qui vont encadrer ;  il faut marquer les progrès et les noter non pas par rapport à l’autre mais par rapport à soi.

Souvent les personnes qui ont connu une forme de précarité, vont avoir implicitement tendance à repérer tout ce qui dysfonctionne plutôt que tout ce qui va bien. On doit montrer les axes d’amélioration, mais aussi ce qu’elles savent déjà faire. C’est le moyen le plus efficace en termes de motivation. La poursuite de l’aventure se fera avec le renforcement positif, les valorisations, les compliments, les récompenses. 

En quoi le Volley-ball pourrait être un moteur pour se sentir mieux ? 

Ce qui est intéressant dans le volley, c’est que sans les autres tu ne peux pas faire grand-chose. C’est vrai en sport collectif de façon global, mais dans le volley, c’est sans doute encore plus marquant. La moindre erreur d’une joueuse, sanctionne toute l’équipe. Nécessairement dans le volley on est complètement tributaire dans le fonctionnement bien précis d’une harmonie, d’une collaboration et d’une écoute.

Toutes ces caractéristiques se retrouvent dans la vie. Pour ces personnes-là tout ce transfert positif du sport et du volley peut être intégré par la suite dans leur quotidien en termes d’attitude, de comportement, de posture par rapport aux autres, d’écoute et de communication… 

Comment réussir à proposer une approche de cette pratique sans brusquer ?

Certaines personnes vont découvrir le volley, elles ne vont donc peut-être pas avoir une grande motivation. La motivation est essentielle pour tenir dans le temps, elle reposera sur plusieurs besoins :

Tout d’abord, le besoin hédoniste (le plaisir), elles ne l’auront peut-être pas de suite, mais ensuite on a , (appartenir à un groupe), elles vont travailler en groupe avec des personnes qui ont peut-être vécu le même traumatisme qu’elles.
Ensuite, le besoin d’autonomie (la maitrise), se voir progresser. Et enfin, le besoin de reconnaissance, cette capacité à montrer aux autres sa ou ses compétences.
Il y a peut-être d’autres temps complémentaires à ajouter à la pratique : temps d’échange, d’écoute, de relaxation et un travail sur le contexte.

Le sport est porteur de valeurs et de bien être. Ce qui est intéressant, c’est d’amener progressivement le sport à ces personnes qui ne le connaissent pas ou n’y voit pas toutes les vertus qui l’accompagnent.


Les objectifs d’une telle pratique ?


Le but premier est de permettre de s’amuser, générer de la complicité, du partage, de l’échange. Proposer ensuite la mise en place des petites compétitions, sans opposer une personne à une autre, mais plutôt de développer des compétences et des savoirs, c’est le meilleur moyen pour grandir lorsque l’on vit des situations complexes. 

Le sport est globalement assez mal perçu vu de l’extérieur alors que le but est de progresser, c’est l’instinct primaire de l’individu. Le problème souvent rencontré chez des personnes en difficulté, c’est l’incroyable manque de confiance. Tout peut paraitre compliqué, il y a vraiment une crainte et une émotion forte : la peur.
Le sport et la réussite justement, leur permettent d’inverser et de les extraire de cette spirale qui les amène automatiquement vers le fond. Il y a la notion de rencontre qui est super importante et  il faut qu’il y ait une équipe. Si cette dernière se forme, c’est sûr qu’elles pourront en tirer profit. Il faut faire en sorte qu’il y ait une cohabitation entre ces personnes, une capacité de respect et d’écoute.

Utiliser le volley comme passerelle, se dire « ça vous savez le faire sur le terrain alors il est possible de le réaliser à l’extérieur ».
Il peut servir de tremplin en faisant le lien avec leur vie ; en améliorant leur capacité à bien vivre en société ou dans leur environnement proche.

Lorsque tu as fait quelque chose une fois ; tu peux te dire que dans un autre domaine tu peux aller plus loin… Le sport est un moyen de casser ses croyances limitantes et construire des croyances aidantes.

Propos recueillis par Cassiopée BESNEHARD en stage au Quimper Volley 29

1 comments on “Se reconstruire et s’épanouir à travers la pratique du volley-ball – Témoignage 3

  1. LEBLANC Hervé on

    Bonjour,

    Compte tenu des propos précédents, je ne vois pas comment on peut se passer de préparation mentale dans la pratique d’un sport de haut niveau. La notion de groupe, de confiance mutuelle font la force des grandes équipes.

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